Vers la fin de l'assurance santé étudiante ?

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Selon l'ouvrage "Santé et conditions de vie des étudiants", récemment publié par un groupe d'experts mandatés par La Mutuelle Des Etudiants (LMDE), environ un étudiant sur trois renonce à des soins au cours de l'année universitaire. Ce renoncement est bien entendu causé par le niveau insatisfaisant des remboursements proposés. Par ailleurs, le rapport de la LMDE précise qu'un étudiant sur cinq environ n'a pas de médecin traitant, ce qui laisse penser que l'état de la santé étudiante en France se dégrade d'années en années.

Une enquête complète, et des conclusions sévères

La "radiographie" de la situation sociale et médicale des étudiants mise en évidence par la LMDE révèle des chiffres en effet peu flatteurs pour la qualité de l'assurance santé étudiante. En premier lieu, il est important de préciser que 19% des étudiants n'ont même pas de complémentaire santé, contre seulement 6% en moyenne pour les autres tranches de la population. En outre, un cinquième des étudiants estime que son état de santé s'est détérioré au cours de l'année, ce qui peut témoigner d'une inefficacité des soins proposés.

Pour revenir aux chiffres inquiétants concernant le renoncement à ces derniers, il est intéressant de souligner que ce sont les étudiants qui estiment être en moyen état de santé, voire en mauvais état de santé, qui renoncent le plus souvent aux soins (53 et 54% pour ces deux catégories). En outre, alors que le renoncement aux soins concernait principalement les soins lourds (tels que les soins dentaires), ce phénomène tend à se banaliser aussi pour les soins courants.

La précarité comme principale cause de renoncement

L'absence de soins médicaux chez les étudiants est en grande partie justifiée par une absence de moyens financiers. En effet, le coût trop élevé des opérations ou des thérapies à suivre est présenté dans 29% des cas comme le motif majeur de renoncement à ces dernières. A ce titre, il est nécessaire de préciser qu'environ la moitié des étudiants affirment vivre largement en dessous du seuil de pauvreté, avec moins de 400 euros par mois (pour un seuil fixé à 954 euros mensuels). Les dépenses de ses étudiants sont donc en premier lieu orientées vers la nourriture ou le logement, ce qui ne leur permet pas de faire face à la hausse des prix de la santé.

Une fonctionnement trop complexe et trop coûteux

La protection sociale étudiante est assurée par une mutuelle (généralement la LMDE, la MGEN ou encore la FAGE) qui assure à la fois une mission de complémentaire santé et de "centre de sécurité sociale". Les adhérents doivent verser une cotisation annuelle pour profiter des garanties qu'elle propose. Ce versement s'effectue donc chaque année auprès de l'université dans laquelle l'adhérent effectue ses études, ce qui n'est pas sans poser problème au niveau administratif (transmissions de dossier ralenties, délais de remboursement pouvant dépasser les trois mois). La Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM) a pour mission de financer les mutuelles étudiantes en leur remboursant les prestations sous forme de "remises de gestion". Or, ces "remises de gestion" sont aujourd'hui devenues trop onéreuses pour l'administration française, largement déficitaire dans le domaine de la santé. C'est pourquoi l'État pourrait arrêter de financer (indirectement) la santé étudiante en période de rigueur budgétaire.

Quelles solutions pour sauver l'assurance santé étudiante ?

Un projet est actuellement à l'étude au ministère de la santé. Il s'agit du "chèque-santé", présenté par François Hollande durant sa campagne électorale. En d'autre terme, cette mesure constituerait une aide couvrant 50% des frais de santé de chaque étudiant, en plus de ce que rembourse la mutuelle. Cependant, aucune réforme de grande ampleur n'est à l'ordre du jour, et les mutuelles étudiantes devront bientôt satisfaire de nouveaux critères de "solvabilité" dès 2013.